Chèr(e)s lectrices et lecteurs,

On est ici sur un blog qui parle de futilité. On est d’accord, on ne s’en est jamais caché. Papillonner autour de la mode, du shopping et de la beauté c’est super cool. Cela permet à chacun de se détendre et de penser à autre chose. Mais aujourd’hui j’ai envie de vous parler le cœur ouvert de mes convictions, de mes idées car je n’ai qu’une seule chose qui tourne en boucle dans ma tête.

Car je suis très en colère. Je suis choquée. Je suis triste. J’ai la boule au ventre.

Il n’y a pas que la mode et les conneries liées au shopping qui m’intéressent. J’ose espérer que vous vous doutiez que dans ma vie, tout ne tourne pas autour des chaussures, des robes et des sacs à main.

Je vais sortir de ma ligne éditoriale parce que je n’ai aucune envie de bloguer aujourd’hui pour raconter du vent et des histoires de bisounours.

Dans la vie je suis attachée territoriale dans une collectivité territoriale, j’ai fait des études d’histoire géographie et d’administration publique. L’Histoire c’est un peu de ma vie et ma passion.

A 18 ans, j’étais très branchée « politique ». Je m’intéressais de prêt à l’actualité, j’avais des idéaux et des idées bien arrêtées.

J’étais à de nombreuses manifestations. Je défendais la justice, l’égalité, la république, la liberté bref toutes les causes qui m’étaient chères.

L’âge aidant (bientôt 29 ans), je me suis assagie et j’ai lissé beaucoup de mes idées. Mes idéaux se sont aussi heurtés à la dure réalité de la vie.

Mais quoi qu’il en soit.

J’ai toujours défendu la liberté de la presse, dès que j’ai été en âge de comprendre qu’elle était la clé d’une démocratie.

J’ai toujours soutenu Charlie Hebdo pour leur courage et leurs idées mais aussi leur douce insolence. Leurs caricatures m’ont toujours fait sourire et amusée. Cela fait plus de 15 ans que je lis ce journal.

J’avais couru les magasins de journaux pour dénicher le fameux journal avec les caricatures de Mahomet. Enfin un journal osait faire de l’humour sur un sujet difficile, quitte à s’attirer les foudres. J’avais trouvé ça très brave et courageux. Ce journal figure encore, au milieu des livres de ma bibliothèque, comme un témoignage de l’Histoire.

Aujourd’hui quand j’ai appris ce qui s’était passé à la rédaction de Charlie Hebdo, quand j’ai vu les images, les vidéos. Quand j’ai compris qu’ils avaient tués des journalistes que j’admirais : Cabu, Charb, Wolinski et Tignous. Que pour la première fois on avait osé s’attaquer à la rédaction entière d’un journal. Les dessinateurs de mon adolescence. J’ai eu un frisson, envie de pleurer et une colère sourde ne m’a pas quitté de la journée. Impossible de me concentrer, les images se déroulaient en boucle dans ma tête.

Comment peut-on en arriver là?

J’ai envie de hurler ma colère au monde entier.

Ces gens sont morts pour leurs idées. Nous sommes en France, un Etat laïque et libre de droit.

C’est comme si j’avais reçu un coup de poignard. C’est comme si on avait sonné le glas d’une époque révolue, sans crainte, sans peur de l’autre.

La montée du terrorisme ce n’est pas une nouveauté. Mais là, nous avons les pieds en plein dedans, il s’agit là de l’attentat le plus meurtrier en France depuis 1961.

Comment des intégristes, qui sont une caricature à part entière ont-ils pu tirer à bout portant sur des dessinateurs et des journalistes dont la seule peine était d’avoir utilisé leurs crayons pour dessiner et véhiculer un message, une idée?

J’ose espérer que les français moyens ne feront pas l’amalgame entre musulmans et intégristes. La communauté musulmane n’y est pour rien. J’espère que les médias communiqueront avec précaution afin de ne pas monter les gens les uns contre les autres. Ce n’est pas une solution et ça ne nous ramènera pas les personnes assassinées.

Il faut manifester pour ce en quoi nous croyons, il faut résister. Je souhaite très fort que l’ensemble des journaux de France publient ces caricatures, tel un pied de nez à ces agresseurs qui se croient les plus forts et qui se prennent pour des justiciers.

Je me sens touchée personnellement, je crois en ces valeurs : liberté, égalité, fraternité. Ce sont mes valeurs. Une guerre est déclarée, nous nous devons d’être solidaires, de garder la tête haute, de continuer à croire en nos idées et à les crier haut et fort.

Mieux vaut mourir pour ces idées que rester dans son canapé comme un imbécile chez soi.

Charb disait « Je préfère mourir debout que vivre à genoux ». Pas besoin de vous faire une explication de texte.

Son dernier dessin résonne tristement, il était paru ce jour dans Charlie Hebdo :

De nombreux rassemblements ont lieu en France à l’heure où je vous écris. Un mouvement de soutien a été crée : Je suis Charlie.

C’est important de voir des milliers de gens dans la rue pour soutenir Charlie Hebdo, pour montrer à ces agresseurs que la France est plus forte qu’une kalachnikov et des fusils à pompe.

Je voulais être à Genève pour 18h mais j’étais au travail, si un autre rassemblement a lieu j’y serais. Certains vous diront « mais c’est risqué, il risque d’y avoir des débordements?« . J’ai envie de répondre à ces gens « Oui et alors? ». Si tout le monde réagit comme ça, autant nous écraser et nous taire et nous laisser marcher dessus? On piétine notre liberté et nous devrions rester les bras croisés?

La crainte et la peur n’ont jamais fait avancer qui ou quoi que ce soit.

J’espère que cet article très différent de ce que je peux écrire d’habitude ne vous choquera pas. Je présume que de nombreuses blogueuses se tairont sur le sujet afin de ne pas faire de polémiques. Je passe mes journées à faire en sorte de ne pas créer de polémique sur mon blog, de rester impassible et neutre. Mais là je ne pouvais pas, il fallait que je l’ouvre.

N’hésitez pas à me faire part de vos réactions, à partager vos mots de soutien à Charlie Hebdo. Chaque mot, chaque geste aussi infime soit-il est une lutte contre le terrorisme.

Ils ne doivent jamais gagner.

Une pensée très forte pour l’ensemble des journalistes de Charlie Hebdo, leur famille mais aussi pour les policiers qui étaient présents et qui y ont laissé leur vie.

Pour aller plus loin : lire le superbe article de Libération.