SPOILER

 

 

Il fallait absolument que je parle de cette adaptation cinématographique sur ce blog mais j’ai pris mon temps.

J’ai pris mon temps car je suis une fan inconditionnelle de Boris Vian, de ses textes, de ses romans, de ses chansons mais surtout de son imagination débordante et de sa façon de décrire « l’absurde ».

J’ai pris le temps de « digérer » le film une fois que je l’ai eu visionné.

 

Lorsque j’ai appris il y a un an qu’ils adaptaient mon roman préféré « L’écume des jours », j’étais folle de joie! Je me suis dit, enfin un réalisateur tente d’adapter cette grande oeuvre de la littérature française! Un pari osé il faut l’avouer!

 

Lorsque j’ai vu le casting j’ai été très emballée par Romain Duris et Omar Sy, j’étais beaucoup moins convaincue par Audrey Tautou (pour moi Chloé est blonde dans mon imaginaire) ou encore par Gad Elmaleh (j’imaginais quelqu’un ressemblant à Jean-Paul Sartre jeune, allez savoir pourquoi…).

Après avoir visionné le film, je dois avouer que tous les acteurs sont excellents et représentent vraiment bien les personnages du roman de Boris Vian.

 

 

 

 

Bref, comme pour chaque adaption au cinéma, il faut tirer un trait sur notre imagination et s’ouvrir à l’interprétation du roman par le réalisateur.

 

L’écume des jours est un roman que je connais quasimment par coeur, chaque situation burlesque m’a fait aimer ce roman un peu plus. J’aime la folie de Boris Vian mais aussi son côté mélancolique. J’aime les personnages qu’il décrit, le contexte, la situation…Ce n’est pas un hasard si j’ai fait tatouer « l’écume des jours » sur mon bras. L’écume des jours est certainement son roman le plus « soft » et le moins « noir ». Que ceux qui ont lu j’irais cracher sur vos tombes et l’attrape coeur, lèvent la main, ils comprendront ce que je veux dire.

 

Michel Gondry a adapté magnifiquement cet ouvrage. J’avoue avoir été très concentrée sur les décors et sur chaque détail du film. L’aspect matériel/la mise en scène du film est certainement un personnage à lui tout seul. Chaque situation loufoque et surréaliste décrite dans l’ouvrage est adaptée parfaitement par Michel Gondry : percer un trou dans sa baignoire pour évacuer l’eau, débarrasser une table de façon étonnante, avoir une anguille dans sa tuyauterie, danser le biglemoi, les murs qui se retrécissent, la souris, la scène de la patinoire. Tout est là, j’ai été bluffée.

 

J’ai retrouvé l’atmosphère et l’esprit de Vian. Matériellement ce film est donc profondément une réussite.

 

Cependant, émotionnellement je n’ai rien ressenti.

Croyez-moi, il faut faire fort car je suis une sentimentale et une pleureuse de compétition. Je verse ma larme très facilement devant un film ou une série télévisée.

Et là, RIEN.

Pourtant lorsque j’ai lu ce roman, l’histoire m’avait profondèment émue. Ce couple qui finit par se trouver, qui s’aime démesurément mais qui doit cependant faire face et combattre la maladie de Chloé.

Cette maladie qui est une si belle métaphore avec ce nénuphar qui pousse à l’intérieur de sa poitrine. N’avez-vous jamais lu plus belle poésie pour décrire une maladie qui vous tue?

 

La fin de ce film, tout comme celle du roman est sombre, brutale. Les murs se retrécissent, les âmes vieillissent, la pauvreté s’installe et des meutres sont commis.

C’est la dégringolade, on ressent l’atmosphère sombre qui s’installe mais elle ne nous touche pas, il y a comme un détachement, l’aspect matériel dépasse le côté sentimental. Je pense avec le recul que c’est un effet voulu par le réalisateur.

 

 

La fin est troublante et le malaise présent. Certains sombrent dans la folie face aux addictions de leurs aimés et tuent des personnalités bien connues à l’aide d’un arrache coeur (joli référence à un autre ouvrage de Boris Vian). Jean-Sol Partre n’est plu. (Joli référence à Jean-Paul Sartre au passage, ce micmac dans son nom m’a toujours beaucoup fait rire, Vian avait une sacrée imagination et beaucoup d’humour, Jean-Paul Sartre était un bon ami à lui).

 

Pour conclure, je dirais que j’ai aimé 70% de l’adaptation de Gondry. Je suis peu réceptive à  sa vision de la « souris » qui est un peu trop bricolée et peu réaliste à mon goût, il a été trop loin dans l’absurde. J’ai cependant adoré la vision de la conférence de Jean-Sol Partre, la scène de la patinoire, le survol de Paris en nuage et tout le reste.

 

Mon copain qui n’avait jamais lu le livre a beaucoup aimé ce film qu’il a trouvé original. Ma mère qui a aussi lu le livre (et me l’a fait connaître) a aussi aimé et pensé la même chose que moi de ce film : l’univers et l’imaginaire de Vian ont été bien recrée, le spectateur est peu touché mais ce n’est peut-être pas l’objectif du film.